Tout d'abord un simple épitaphe, parce que c'était trop frais, il m'était difficile de me pencher sur cet océan de peine qui s'agite dans ma poitrine. Le plus affreux, à mon sens, c'est la culpabilité. Parce que j'ai beau me dire qu'il n'y avait plus rien à faire, que j'avais tout essayé, et qu'il souffrait, j'ai tout de même la sensation de l'avoir tué. L'euthanasie n'est pas un choix facile, surtout lorsque la maladie n'est pas extérieurement visible. Mais sur la fin, c'était un rat tout à fait différent de mon Armand qui occupait sa cage. L'agressivité l'avait rendu fou, et c'est une torturé ne pouvoir toucher son bébé qu'avec un torchon ou des gants de vaisselle parce que sinon il se retourne et mord à sang. Et le plus dur c'est de voir l'inéluctable décision se rapprocher, parce qu'elle s'impose.

Maintenant que c'est chose faite, j'ai du mal à me dire qu'il est définitivement parti. J'ai encore l'impression qu'il va revenir, que sa petite tête va à nouveau sortir de son spoutnik. Les réflexes sont durs aussi ; avoir à remplir une seule gamelle plutôt que deux. Une des choses horribles aussi, c'est que j'avais commandé des friandises et que le colis n'est arrivé qu'une fois que je sois revenue de chez le vétérinaire. Ironie du sort.

Cela va paraitre redondant, mais je vis la chose très mal. J'avais déjà affronté la perte de plusieurs chiens et chats, mais la douleur, déjà intense, n'était rien comparée à celle que je ressens actuellement. Peut être parce que c'est la première fois que j'ai à faire le voyage. Je ne souhaite à personne l'épreuve du bus, le transporteur sur les genoux, avec votre amour qui vous regarde. Ou peut être est-ce la première fois que j'avais un animal bien à moi, que j'ai vu grandir entre mes mains.

J'avais seulement besoin de l'écrire, devant des gens capables de le comprendre. Malheureusement, pour nombre de gens, les larmes sont incompréhensibles puisque ce n'était "qu'un rat". Le deuil va être long.