Je déteste cette rubrique.
Je n'y viens jamais, parce que sinon je passe des heures à chialer devant les photos, les messages,...
Je ne voulais plus revenir y poster. Pas aussi tôt.
Et pourtant voilà.
Mon flocon de neige, je me souviens encore de ta bouille, tout bébé, ta langue touuujours en action, "monsieur bisous" on t'appelait. Je t'avais donné un nom bateau, Flocon, ça t'allait bien. Je t'avais commandé à la base pour ne pas m'attacher, j'me suis dit qu'un rat albinos, j'allais moins m'accrocher, et moins souffrir si on te demandais pour un reptile. Que j'ai été con. On s'attache pas à une couleur, on s'attache à une personnalité.
Un petit loulou toujours prêt à sortir, à jouer, cette question en suspens "et si tu venais vivre chez moi ?"
Puis, j'ai commencé, vraiment, à m'accrocher. Je t'ai appelé Frost, le Frousti, tellement proche de moi. Je m'en fiche si les autres sont plus distants, c'est comme ça qu'ils sont heureux, et toi t'étais là, toi t'étais un pot de colle.
Puis t'es venu à la maison, on a passé des soirées à se marrer, toi et moi, à jouer, à faire des câlins. T'as vite été le pote du Mimoche, puis du Jägou, le noir et le blanc, t'étais vraiment un rat sociable, t'étais vraiment gentil. Un gros bébé. J'ai même hésité, je me suis dit "et si à deux ans je lui trouvais une jolie copine ?" mais ce serait con, hein, ce serait une grosse connerie, j'ai pas envie de faire ça, alors non.
T'atteindras jamais deux ans, en plus.
Et puis y'a eu cette fois, ou je t'ai trouvé tout gonflé, le poil hirsute, je me suis demandée si tu virais pas AH, mais t'étais comme d'habitude, tu faisais chier Heimdall, Roméo te mettait une raclée, t'allais bouder dans ta sputnik, je t'ai tripatouillé, et j'ai senti ton bidon tout gonflé. J'ai flippé, j'me suis dit que t'avais du bouffer du plastique, 5 biberons en 6 semaines, t'étais plasticovore alors j'ai eu peur de l'occlusion. J't'ai isolé et t'as dormi dans ton pipi, j'ai bien rigolé le matin, j'avais un rat jaune.
Tumeur. Cette saloperie qui nous enlève nos chouchous, qui les fait souffrir, qui les ronge de l'intérieur. Le docteur a dit de surveiller, qu'on verrait dans 6 semaines si ça avait évolué, pour le moment c'était pas méchant.
Puis tu pétais le feu, t'étais égal à toi même si ce n'est ce bidou tout gonflé. J'ai passé du temps avec toi, j'me suis dit que t'allais te faire opérer et que tout irait bien. Je t'ai filé plein de saloperies pour que tu sois content, puis un soir t'as eu la diarrhée. Et j'me suis dit que c'était la purée, que ça irait mieux demain.
Et le lendemain t'étais parti. Comme ça, sans me dire au revoir, sans attendre que j'te dise à quel point j't'aime mon bout de nuage. Quand j'ai vu ton petit corps, j'ai attendu, comme une conne, debout devant la cage. J'ai attendu que tu te réveilles, que tu viennes me faire un câlin, que tu me fasses un bisou. Mais tu pouvais plus. Tu viendras plus jamais, et égoïstement ça me fais mal.
Et j'avais oublié, les heures à pleurer assise sur le sol avec un cadavre dans les bras. L'impression que son coeur se fractionne en mille morceaux coupants. La culpabilité "et si j'avais demandé une opération directement ?" "et si j'avais été chez le véto plus tôt", "et putain pourquoi j'ai pas vu que ça allait pas ?" et "pourquoi, putain, pourquoi j'étais pas là quand t'es parti ?" "pourquoi j'ai pas passé plus de temps avec toi ?"...
La douleur de savoir que tu seras plus jamais là, que je te retrouverais plus jamais, dans aucun des rats albinos de ce monde.
T'était mon petit pote, mon ami, mon Frost. Je t'oublierais jamais, et je t'aime. Et je donnerais beaucoup de choses pour que tout ça ne soit pas vrai.