Afin de contribuer à la circulation des informations et des expériences de propriétaire de ratou(ne)s atteint(e)s de tumeur pituitaire (adénome hypophysaire), je vous partage ma maigre expérience.
Ratte femelle typée siamoise avec yeux bruns (Cookie) –
Ratte femelle typée albinos avec yeux rouges/roses (Bounty).
Toutes les deux sont actuellement âgées d'1 an et 9 mois. Elles sont issues de la même portée et souffrent toute les deux d'un adénome hypophysaire qui, dans ce cas-ci, est probablement d'origine génétique.
Le papa était hymalayen et la maman était une hooded blanche et noire (ratte avec laquelle l'éleveur a cessé la reproduction car plusieurs décès précoces dans les portées).
BOUNTY :Les premiers signes que j'ai observés chez Bounty étaient les suivants :
- Elle
semblait parfois « ailleurs », fixant de longues minutes un point dans le vide avant de à ce qu'elle était entrain de faire.
- Des
moments de désorientation / d'hésitation. Elle connaît sa cage par cœur et était la spécialiste des raccourcis acrobatiques (au moins j'en fais, au mieux c'est) : j'ai commencé à la voir hésitante quant aux chemins à emprunter.
- Une
faiblesse musculaire ou une
maladresse motrice : Au début, elle trébuchait mais était suffisamment habile pour se rattraper (une patte qui glissait d'un barreau ou d'une corde) Ensuite, elle s'est mise à chuter de plus en plus souvent et devait s'y reprendre à plusieurs reprises avant de parvenir à se hisser le long des barreaux (oui, mademoiselle tenait malgré tout à ses raccourcis).
- Elle mangeait encore ses croquettes et buvait régulièrement.
Je pense que c'est +/- à ce moment là que j'ai arrêté de me dire que je me faisais des idées (j'ai conscience de ma tendance mère-poule à paniquer pour un rien) et que je me suis rendue chez ma vétérinaire. Plusieurs « tests » neurologiques et un examen soigné on été effectués sur Bounty. Résultats : Aucun signe de pathologie claire nécessitant un traitement. Les réactions motrices semblaient normales.
Il s'en est suivit une semaine de canicule importante qui m'a forcée à descendre mes chéries au sous-sol pendant la journée. Je ne sais pas si cette chaleur a joué un rôle de déclencheur ou pas, mais en 5 jours l'évolution des symptômes a été extrêmement rapide.
- Des
chutes de plus en plus fréquentes.
- Des
déplacements erratiques. Elle arpentait sa cage, marchant en « mode robot », sans but, l'air « absent ». Par moment, on aurait pu croire à de l'hyperactivité. Lorsque je la prenais dans les bras pour ensuite l'y re-poser, elle se remettait en marche de plus belle.
- Une
incapacité de marcher sans « tanguer ». Bounty avait la tête qui partait sur le coté. Elle se laissait littéralement glisser le long des « passerelles-escaliers » comme emportée par un mouvement qu'elle ne contrôlait pas.
- Une
perte de la soif. elle ne buvait plus d'eau et ne parvenait plus à tenir une croquette dans ses pattes.
-
Une perte de la vue et de l’ouïe : Bounty sursautait a chaque fois que je la touchais. Il fallait qu'elle sente mon odeur pour se rendre compte que c'était ma main.
Vu les 30°C de l'extérieur et ma voiture sans climatisation, je n'ai pas pris le risque de l'emmener chez la vétérinaire le matin même. Je l'ai placée dans une cage plate. Elle n'a jamais été nourrie à la seringue, il a donc été très difficile pour moi de parvenir à la réhydrater.
Le soir même, ma chérie était dans un état alarmant. Déshydratée, refusant de s’alimenter même avec de la nourriture molle/liquide, se déplaçant avec lourdeur en traînant des pattes et cherchant les coins de sa cage pour y blottir sa tête (head-bumping). Je l'ai emmenée directement aux urgences vétérinaires où j'ai cru l'avoir perdue dans la salle d'attente car elle était totalement amorphe.
Le vétérinaire sur place a soupçonné de l’épilepsie (sur base des comportements épisodiques d'hyperactivité avec l'air absent et l'état amorphe ensuite). Il m'a donné un calmant en me proposant de lui administrer en cas de nouvelle « crise » (ce que je n'ai pas fait). Bounty a été réhydratée et à reçu une dose de vitamines.
Le lendemain, j'ai pris rendez-vous chez ma vétérinaire qui, voyant l'état de Bounty a souhaité la garder en observation et a passé la nuit à se renseigner sur ce qui arrivait à ma chérie (elle est géniale !). Le diagnostic est tombé : Adénome Hypophysaire.
Le 23/06/17 Bounty a eu sa première dose de Cabergoline via le Galastop.
Je l'ai ramenée à la maison et sous les conseils de la vétérinaire, j'ai l'ai installée dans une pièce sombre (elle est devenue photosensible) et calme (sans passages fréquents pour éviter les stimulations). Elle ne mangeait plus que de la blédine (consistance d'une crème dessert), la seule chose qui lui faisait encore envie à ce moment là. Je ne l'ai pas sortie pendant 3-4jours afin qu'elle puisse se reposer et j'ai passé tout mon temps libre à lire des articles sur le sujet.
J'ai commencé à prendre note de tout, ses moindres faits et gestes au quotidien avec des repères (capacité de grimper de petits obstacles, la vue, l’ouïe, l'équilibre, le bruxisme, les moments d'immobilité, les somnolences, etc) , sa nourriture (jusqu'au ml près de liquide dans sa blédine pour m'assurer de son hydratation), l'hygiène corporelle (apparence du poil, porphyrine) les dates de prise du médicament. TOUT.
A l'heure où je vous écrit, Bounty a déjà fait deux « rechutes » et dans ces moments là, vu l'inquiétude, sans toutes ces notes, je pense que j'aurai eu du mal à m'y retrouver.
Le 05/07/17, j'ai réussis à me procurer la Cabergoline en cachets. Ce fut un réel soulagement parce qu'administrer autant de galastop a un rat ne supportant pas une seringue dans la bouche c'était du sport intensif ! Bounty faisait 274 grammes, elle avait donc 1/3 de cachets tout les 3 jours.
La Cabergoline lui a permis de récupérer régulièrement (parce qu'une journée n'est pas l'autre et que cette récupération n'est malheureusement pas quotidienne) :
- La
vue- L’
ouïe- La
conscience du vide (Parfois, Bounty posait sa patte dans le vide et continuait d'avancer)
- Un
meilleur équilibre lors de ses déplacements
- Par moment, elle trottine et sautille :-)
- La
capacité de grimper sur une petite caisse en carton, un livre ou enjamber un obstacle
- Une
disparition du bruxisme (cela lui arrive encore mais uniquement lorsqu'elle est coincée sans parvenir a faire usage de ses pattes pour une marche arrière ou quand elle se rends compte qu'elle ne peut plus manger ses croquettes préférées)
- Une
disparition du head-bumping- Un
retour de l'appétit- De temps en temps un
réflexe de préhension mais insuffisant pour tenir la nourriture avec ses pattes.
Par moment, elle traverse des « crises d'hyperactivité » mais elles sont moins fréquentes. Il lui arrive encore de s'agiter contre les parois de sa cage ou d'effectuer des trajets répétitifs dans sa pièce de sortie mais elle finit toujours par s'apaiser.
Elle parvient à dormir paisiblement sans chercher constamment une place confortable ou avec les yeux mi-clos ou ouvert comme elle pouvait le faire avant.
Le 10/07/17 et le 26/07/17 Bounty a eu deux « rechutes » : un retour brutal de « symptômes » mais, sous les conseils de la vétérinaire, je n'ai jamais cessé de lui administrer le traitement et ma petite battante s'est, à chaque fois, reprise. Elle a reçu un traitement antibiotique de 6 jours, la semaine dernière, pour un excès de porphyrine.
Aujourd'hui, trois jours après sa dernière rechute, elle va bien. Elle mange avec moins d'appétit qu'avant (elle fait actuellement 254grammes) mais je continue de stimuler son appétit en jouant les apprenties top chef. Hier soir encore, elle a pu sortir 2h30 avec sa sœur avant de s'endormir. J'ai eu la joie de la voir grimper sur un livre, percevoir les obstacles face à elle et la voir trottiner vers moi lorsque je l'ai appelée pour lui faire un gros câlin.
Elle sera à sa 12ème prise de Cabergoline ce soir et elle ne reçoit pas d'anti-inflammatoire.
COOKIE : J’entame la deuxième partie de mon roman à peine de retour d'un nouveau rendez-vous en urgence chez la vétérinaire, cette fois-ci pour Cookie.
Il y a un mois, jour pour jour, j'ai également constaté des changements de comportements chez Cookie mais, là encore, rien de suffisamment clair pour diagnostiquer une pathologie précise. Je pense d'ailleurs que la personne qui m'a reçue, à ce moment là, a cru à une paranoïa provoquée par l'état dans lequel était ma Bounty.
Il y a une semaine, j'ai cru observé une
faiblesse de sa patte avant droite. Elle a toujours eu un tempérament très nerveux et craintif, il est donc possible que cette faiblesse soit apparue plus tôt sans que je ne m'en rende compte (mademoiselle est toujours partie se cacher pour manger) car sa marche restait tonique et vive.
Hier matin, contrairement à son habitude, j'ai pu l'observer manger juste à coté de sa gamelle et la faiblesse, sur une semaine de temps, a eu visiblement le temps de se transformer en
incapacité de préhension des deux pattes avants. Lors de leur sortie hier soir, sa démarche n'était clairement pas normale : elle tanguait légèrement sur le coté, ses déplacements étaient lents et semblaient difficiles. La rapidité avec laquelle sa démarche est devenue gauche m'effraye un peu, je dois l'avouer. Avant hier encore, elle trottinait à travers la pièce.
Elle ne semble pas souffrir de désorientation et semble avoir gardé la sensation de soif (pour l'instant).
Le lendemain, aujourd'hui donc, le diagnostic est tombé. Cookie commence a
perdre l'usage de ses pattes avants et souffre également d'un
déplacement de la mâchoire qui serait lié à l'adénome et commence aussi, dès ce soir la prise de Cabergoline sans prise d'anti-inflammatoires.
Voilà mes deux chéries frappées par le même mal. Je pense qu'on peut avancer l'origine génétique sans trop se tromper.
Je sais que je peux les perdre d'un jour à l'autre, je sais qu'elles ne guériront probablement pas. Je pense que dès l'instant où je verrais chez elles des signes d'inconfort ou de souffrances, j'accepterai de les laisser rejoindre le paradis des ratous et resterais auprès d'elles jusqu'à leur dernier souffle. En attendant, je prends chaque jour comme un cadeau et je fais en sorte qu'elles aient une qualité de vie à la hauteur de l'amour que je leur porte autant que je le peux. Je reste impressionnée par leur courage et leur tempérament de battante car pour l'instant, nous ne lâchons rien. Ni elles, ni moi.
Bon courage à tout ceux et celles qui traversent cette épreuve auprès de leur ratou(ne)s. J'espère que mon témoignage pourra aider.