@Anthea : Je précise quand même que les techniques peuvent changer d'une clinique à l'autre, mais tu pourras avoir une idée assez précise quand même.
Pour ce qui se passe chez nous :
- La salle de chirurgie est préparée pour l'animal. On sort une boîte d'instruments adaptés, une paire de gants stériles, une lame de scalpel, on vérifie le bon fonctionnement et l'étanchéité de l'appareil d'anesthésie gazeuse, on nettoie et désinfecte la table de chirurgie, on prépare de quoi tondre et nettoyer la zone concernée, etc. La salle est chauffée au préalable, et une bouillotte en tissu est mise au micro-onde. Cette bouillotte sera placée sous le rat pendant toute la chirurgie (avec une isolation de deux à trois couches de papier-bulle entre les deux), et un thermomètre sonde est glissé dessous, qui permet de vérifier que ce n'est ni trop chaud, ni pas assez.
- Le vétérinaire ausculte le rat (palpation, auscultation cardiaque et respiratoire, prise de la température, pesée, etc). Son poids est reporté dans un fichier Excel qui calcul des doses de pré-anesthésiques nécessaires en fonction de l'espèce. Pour mes rates, on n'a utilisé aucun pré-anesthésique (sauf pour Love) à part de la buprénorphine, qui est un morphinique et dont le rôle est de prévenir et de gérer la douleur. (Pour les chiens et les chats, souvent il y a administration intra-veineuse d'un cocktail de produits dont les rôles sont complémentaires : sédation, relaxation des muscles, analgésie, dissociation. C'est une approche dite "multi-modale" qui permet d'utiliser moins de chaque produit, tout en les combinant pour qu'ils renforcent les effets des uns et des autres).
- Une demi-heure après l'injection anti-douleur, le rat est placé dans une boîte transparente, sur laquelle se branche le tuyau qui envoie l'oxygène et le gaz anesthésiant.
- Pendant 5 à 10 minutes, le rat reçoit seulement de l'oxygène, puis la quantité de gaz anesthésiant est augmentée progressivement. On n'envoie pas tout le gaz tout de suite, car il dégage une odeur qui peut stresser le rat.
- Quand le rat commence à s'endormir, il est sorti de la boîte, placé sur la table dans la position adéquate, ses pattes arrières sont scotchées avec du sparadrap, et suivant la chirurgie prévue, les pattes avant peuvent être soit écartées de chaque côté de son corps, soit croisées devant le thorax (ce qui est mieux pour l'animal car permet une meilleure respiration). Le gaz anesthésiant est amenée soit par un masque hermétique, soit par une sonde trachéale, et la dose est ajustée de façon à ce que l'animal soit totalement relaxé, respiration calme et régulière, et insensible à la douleur.
- Le rat est tondu assez largement pour qu'il n'y ait pas de poils dans la zone opératoire, mais pas trop pour éviter le refroidissement. La zone est nettoyée et désinfectée avec plusieurs lavages à la Bétadine savon, rinçages à l'eau tiède et de la Bétadine solution est ensuite appliquée sans être rincée.
- Le véto se lave les mains pendant trois plombes (
), on lui ouvre les gants stériles, la boîte de chirurgie, le champ stérile (mais transparent, ce qui permet de surveiller le rat qui est dessous) qu'il va disposer de façon à ce que seule la zone opératoire soit à l'air libre, le fil de suture, la lame de scalpel, etc.
- Tout au long de la chirurgie, une ASV surveille la fréquence respiratoire de l'animal, la température de la bouillotte, et se tient disponible pour éventuellement enfiler des gants si le véto a besoin d'une main en plus. Elle est chargée d'augmenter ou de diminuer la quantité de gaz suivant si le rat respire plus vite, semble avoir mal, ou au contraire a l'air de dormir trop profondément (respiration et fréquence cardio qui ralentissent).
- Le vétérinaire injecte un anesthésique local sur la zone à ouvrir, puis il incise d'abord la peau dans un sens bien précis (vertical ou horizontal). Le but est de ne pas rencontrer de vaisseaux sanguins et de ne pas couper l'arrivée de sang de tous les côtés de la zone, sinon il y a un risque de nécrose pendant la cicatrisation. Le véto décolle ensuite la peau et découpe très progressivement pour voir arriver les vaisseaux sanguins et pouvoir les ligaturer avant qu'ils se mettent à saigner (un rat de 300 grammes, c'est un volume sanguin total d'environ 18 millilitres seulement, il y a peu de marge). Quand la tumeur en elle-même est visible, il dissèque les tissus tout autour, toujours très progressivement pour les mêmes raisons de sécurité, s'il y a des saignements ils sont stoppés par une ligature (un fil qui va être serré autour du vaisseau comme un garrot, pour arrêter l'afflux sanguin). Quand il n'y a plus de tissus qui la retiennent, la tumeur est retirée.
- La suture se fait en plusieurs étapes, du muscle à la peau. Il y a donc souvent des points internes, invisibles, qui se résorberont seuls au bout de plusieurs jours au contact des fluides sécrétés par le corps, qui vont le "digérer". La suture de la peau peut se faire soit avec un fil résorbable, soit avec un fil non-résorbable, qu'il faudra alors retirer au bout de 12 à 14 jours. Comme dit, il y a plusieurs possibilités de suture, soit des points séparés, soit une suture continue, avec ou sans colle chirurgicale, ça dépend de la zone, de la traction qu'il risque d'y avoir quand l'animal sera debout ou marchera, et de la préférence du vétérinaire.
- Quand le vétérinaire fait son dernier point, le gaz anesthésiant est coupé, le champ stérile est retiré, la plaie est nettoyée à l'eau oxygénée, le rat est dé-scotché
et placé sur le côté, il reste sous oxygène jusqu'à ce qu'il se redresse tout seul. Pendant ce temps, l'ASV prend la température. Le rat a une température normale de 37,5°C environ (38,5°C chez le chat et le chien). Si l'animal est en hypothermie, il est réchauffé doucement à l'aide d'un sèche-cheveux, un réchauffage trop brutal perturbe la circulation sanguine.
- Le vétérinaire prépare les injections post-opératoire, souvent un anti-inflammatoire, une petite perfusion de chlorure de sodium tiède, et plus ou moins un antibiotique.
- Le réveil est souvent très rapide, le rat se redresse tout seul, l'oxygène est coupé, la température est prise à nouveau et si elle reste basse, il est placé en couveuse à 30°C, sur un linge propre et confortable, et on le surveille régulièrement. Quand il est debout et qu'il marche, et qu'on estime qu'il est capable de déglutir correctement, on le nourrit un peu avec un aliment liquide, facile à manger et appétant, pour contrer les risques d'hypoglycémie.
- Pendant plusieurs heures, le vétérinaire et les ASV passent ausculter le rat, un coup de stéthoscope, un coup de thermomètre, un petit câlin pour rassurer, une vérification de la propreté de la plaie, une palpation douce de la zone pour évaluer la réponse douloureuse, etc.
- Et au bout d'un moment, c'est l'heure des mamans
Le vétérinaire rend l'animal avec une prescription de soins et de traitements, et demande à le revoir sous 48h pour vérifier l'intégrité de la suture, et l'état général de l'animal. Si tout va bien, et que les points sont résorbables, normalement il n'y a pas besoin d'autre rendez-vous.
Voualà
J'espère que ça t'éclaire !