Ma runette...
Arrivée à la maison avec ta maman Attila suite à un sauvetage en Décembre 2010, tu étais un tout petit bout de cul albinos tout juste sevré, ce qui t’a valu le surnom de « souris blanche ».
Un jour j’ai cru voir ton museau foncer, j’en ai fait part à l’autre Z’humaine qui m’a dit que je rêvais, puis 2 jours après j’ai eu le droit à « elle n’aurait pas foncé du cucul la petite ? ». Ben si, ça c’était la surprise. Mon petit museau sale, à la pointe artistiquement ratée.
Tu étais un petit bou timide, qui suivait sa mère comme une ombre… Et surtout une sacrée comédienne! Quand on te manipulait avec Attila à côté tu pouiquais, pouiquais… toute seule avec nous, aucun souci.
Lors de l’intégration, idem, tu mordais la queue des grandes puis tu hurlais alors qu’elles s'en fichaient. Nébuleuse en avait même fait une affaire personnelle : elle fonçait sur toi pour te faire hurler et bifurquais au dernier moment…
Tu étais dans ton monde... Les autres rats, la nourriture… Tu mettais du temps à « capter » ce qui se passait.
Tu étais une lady, complètement dans ton monde, mais une Lady quand même. Ta démarche feutrées, ta façon de fermer les yeux dès que tu touchais une surface inconnue... Et surtout ta manière si particulière de manger. Te regarder faire était un vrai spectacle en soi : tu sélectionnais soigneusement le morceau d’extra que tu souhaitais, le faisais tourner entre tes pattes, le léchouillais et le savourais jusqu’à la dernière miette. Et bien sûr, quand tu revenais en prendre un autre, tes goulues de copines avaient tout englouti. Ma précieuse ridicule... Nous te donnions alors une portion à part.
Tu avais des manies étranges...Grande fanatique des aisselles ,tu adorais t’y caler et les léchouiller , tu aimais également fourrer ta tête partout, d'où ton surnom de Marie-Antoinette.
En Novembre 2011 tu commences à ronfler. D’un coup. Tu n’avais jamais ne serais-ce que tchoumé avant. Tu as vu le véto, eu un traitement, et cela est passé.
Début Mars 2012 je te trouve bizarre, un RDV étant pris pour Volga, je te greffe dessus. Le véto pense au mycoplasme pour vous deux. Forme sèche pour Volga, humide pour toi, tes poumons crépitent. Tu es de nouveau sous traitement.
Le surlendemain je te retrouve amorphe et froide, j’appelle le cabinet. L’antibio ne faisant effet qu’au bout de 3 jours, il faut faire en sorte que tu tiennes jusque là. Je t’emmène en urgence. Nous tentons les injections de diurétique. L’assistante me montre comment faire, je devrai m’exécuter ainsi pendant 5 jours. Ma main tremble, j’ai peur. Peur de te perdre, peur de te faire mal. Tu es au chaud avec nous, emmitouflée dans une couverture, nous attendons, espérons que le diurétique fasse effet. L’après-midi semble interminable, d’un coup tu viens vers moi en sautillant. Bizarre… Je soulève la couverture qui est… imbibée d’urine ! ça marche !
Tu étais un ange pendant les injections, pas un pouic, rien, j’avais tellement peur de traverser de part en part ta peau qui me semblait fine comme du papier...
Le lendemain matin nous te sortons sur le canapé, tu n’en étais jamais descendue, comme ta mère tu avais trop peur du parquet glissant, mangeur de petits rats… Alors que je bois mon café, je sens quelque chose contre ma jambe… c’était toi ! Tu avais bravé cette peur pour venir me voir dans la cuisine, et tu essayais de me grimper dessus. Inutile de dire que tu es restée sur mes genoux à partager nos tartines !
A partir de cet épisode, tu est devenue une vraie glue. Mais les antibiotiques n’ont pas suffi à te guérir.
Tes ronflements ont recommencé, nous avons tenté d’autres antibios, rien n’a marché, à part les inhalations, à chaud et à froid et le diurétique. La radio de tes poumons à montré qu’ils étaient plein d’eau et de pus. Bronchopneumonie. .. Cela est tombé comme un couperet.
Tu t’es battue de toutes tes forces dans ce combat perdu d’avance. Cela me rappelle le film Coraline, ou deux mémés cousent à leurs vieux chiens qui ne vont pas tarder à partir un gilet avec des ailes d’anges et une auréole.
Ce gilet, cette auréole, tu les as portés à partir de ce jour pour moi, chaque matin je craignais te retrouver morte, mais tu as tout fait pour n’avoir à les utiliser que le plus tard possible... J’avais toujours dit que je te ferais euthanasier, que tu ne partes pas d’une saleté de détresse respi. J’ai failli...
En Août, ta mère est morte d’une crise d’épilepsie due a son âge avancé, nous t’avons retrouvée le matin paniquée à ses côtés, rien n’y faisait pour te calmer. Nous avions alors Ketricken en quarantaine avant de l’intégrer, et nous avons tenté le tout pour le tout. En deux jours l’intégartion était bouclée, tu revivais et t’étais entichée de cette petite chose sautillante, tu jouais avec elle, tu allais mieux. Sacré duo que vous formiez, le crapaud et sa blanche colombe…
L’intégration au groupe s’est elle aussi très bien passée. Tu n’as plus fait de bruit, plus de crises, rien, à part épisodiquement mais avec les inhalations et le diurétique cela disparaissait vite. Tu gagnais même du poids.
Mais les meilleures choses ont une fin...
Depuis fin Décembre les diurétiques ne faisaient plus grand effet, et tu paniquais dès que tu te retrouvais dans la boite de transport. Mais tu ne ronflais qu'épisodiquement , mangeais, te battais.
Depuis quelques jours je te trouvais fatiguée, tu dormais plus, et passais tes nuits dans mon cou alors que je travaillais sur ce dossier. Avec du recul je suis heureuse d’avoir pu passer ces moments en ta compagnie. Le matin tu avais la pèche et demandais à sortir, tu te jetais sur les extra.
Avant-hier, en te caressant je t’ai trouvée amaigrie. J’ai suggéré à l’autre humaine qu’il faudrait t’emmener bientôt.…
Hier matin tu allais bien, ou du moins tu paraissais aller bien. Je me suis laissée berner...A midi tu as savouré les patates à la crème et le sojasun à la confiture d'abricot que je te tendais. Et hier soir tu est morte dans nos bras, d'une détresse respiratoire...
J’ai failli à ma promesse...
Fais un beau voyage, mon éternelle ratonne...