Decybel,
Tu t'es envolé dimanche matin, chez le vétérinaire, sous mes yeux. Je n'ai rien compris de ce qui s'est passé : quelques minutes avant, tu allais bien ; bien sûr, je savais qu'il y avait de fortes chances que tu aies une tumeur, tu avais perdu du sang dans la nuit, je m'attendais à ce que le vétérinaire m'annonce, peut-être, quelque chose de grave, une maladie qui ne t'aurait laissé que peu de temps. Mais jamais je n'aurais imaginé repartir sans toi.
Je t'ai vu t'agiter dans les mains du vétérinaire ; je t'ai vu perdre le contrôle de tes pattes arrières, puis je t'ai vu cesser de bouger... Pour toujours. Il a tenté de te ranimer, il t'a fait un massage cardiaque... Mais je crois que tu étais déjà trop faible, peut-être étais-tu trop pressé de retrouver tes frères qui t'avaient précédé là-haut.
En tous les cas, maintenant vous êtes tous les quatre, ensemble, sur le nuage de gruyère. J'imagine très bien tes trois frangins, Piksel, Hélios et Hellfest, te montrant tout ce qu'il y a à voir au Paradis : peut-être des montagnes de surimi ou de mouchoirs, des oeufs durs, des mètres de grillage à escalader... J'espère que vous vous amusez bien : que vous profitez de ce monde sans souffrance, sans peine, sans maladie, dans lequel j'espère du plus profond de mon coeur que vous vivez.
Je veux que vous sachiez, tous les quatre, que vous avez été ce que j'ai eu de plus beau dans ma vie. Même plus que ça, vous avez été ma vie. Je vous ai aimé, plus que je n'aimerai jamais personne. Vous êtes dans mon coeur, à tout jamais.
Je n'ai pas de mots assez forts pour vous dire toutes ces choses que j'ai tant besoin de formuler. D'habitude, je me contentais de vous embrasser, de vous caresser puis de vous dire que je vous aimais. Mais toutes ces choses nous sont maintenant interdites, jusqu'à ce que je vous retrouve là-haut. Alors je ne peux que garder la gorge nouée, serrée par toutes les phrases d'amour qui s'y pressent sans parvenir à s'échapper.
Je suis désolée pour toutes les choses que j'ai fait de travers. J'espère que vous avez été heureux auprès de nous, j'espère que vous nous attendez au chaud là-haut.
Les souvenirs se bousculent parfois dans mon esprit : je vous revois tous les quatre, les meilleurs amis du monde : Hellfest et Hélios, Piksel et Decybel. D'abord deux, puis quatre, vous avez tous appris à vous connaître, vous avez découvert d'autres affinités : Hélios et Piksel, Hellfest et Decybel... Je vous revois bébés, avec vos bouilles si adorables, vos petites têtes remplies de bêtises... Je vous revois adolescents, courant partout et vous battant sans arrêt... Je vous revois plus vieux, plus sages... Et je vous aime, chaque fois que vous apparaissez dans mon esprit... Piksel, Decybel, je me revois, impatiente derrière la cam, attendant qu'apparaissent vos petites trognes devant l'objectif... J'étais tellement pressée que vous arriviez.. Je vous revois, tous les deux dans le spoutnik... Piksel, je te revois, à l'étage de la cage où tu restais toujours... Decybel, je te revois avec les deux petits, qui te grimpaient dessus toutes les deux secondes... Hellfest, je me revois, dans ma minuscule chambre étudiante, le jour où j'ai pris la décision d'adopter un petit rat... Je me revois, dans le tram, avec la cage de transport encore vide, en route pour cet instant où tu es entré dans ma vie... Je me revois, sur le retour, toi, si petit, dans la boîte de transport... Puis je te vois, si minuscule, dans ta toute nouvelle cage... Je te revois lorsque Hélios nous a rejoints... Tous les deux, je vous revois dans la salle de bain, vous baladant partout, je vous revois sur le quai de la gare, attendant le prochain train... Hélios, je te revois, couché près de moi dans les instants difficiles...
Tous les quatre, je vous revois, les uns près des autres dans votre panier. Et c'est ainsi que je vous imagine, en ce moment même.
Si je devais écrire tous les souvenirs qui me reviennent, je pourrai écrire à l'infini...
Je n'ai pas écrit d'hommages pour vous, Piksel et Hélios : cela m'était trop difficile à l'époque, ou peut-être les mots ne me venaient-ils juste pas. Aujourd'hui, j'écris aussi pour vous, car je vous aime plus que tout au monde, tout comme vos frères. Vous me manquez tant, mes bébés...
Piksel, je suis si désolée que nous n'ayons rien pu faire pour te sauver... Nous avons été si stupides, si aveugles face à ta si grande souffrance... Le vétérinaire nous avait dit que tu n'avais rien de grave ; bêtement, nous l'avons cru, sans voir combien tu étais malade... Tu t'es éteint durant la nuit, alors que nous dormions. Je regretterai toute ma vie de ne pas avoir pu être près de toi...
Hélios, ton départ a été une épreuve insoutenable. Pourtant, aujourd'hui encore, je suis sereine, car je sais que tu t'es battu jusqu'au bout, et je sais que, comme pour Hellfest, c'est moi qui te l'ai permis. Je me suis battue pour toi, pour que tu puisses rester près de nous jusqu'à la fin, et je suis certaine que c'est ce que tu voulais. Tu es parti sans trop de souffrance, nous étions près de toi, et j'espère que tu es parti heureux.
Ma vie semble si vide de sens dorénavant... Bien sûr, Junn et November, que seul toi, Decybel, as connu, nous réchauffent le coeur grâce à leurs petites bouilles si adorables. Mais nous avions convenu que nous ne les prenions que pour qu'ils puissent terminer leur sevrage auprès de Decybel, et que dès qu'il nous aurait quittés, nous les donnerions à une autre famille car nous ne sommes pas capables de supporter encore de voir partir de si petits êtres que nous aimons tant... Et pourtant, aujourd'hui, je me sens incapable de me séparer d'eux... Je les aime aussi tellement... Je me demande, Decybel, ce que tu voudrais que nous fassions... En tout cas, je ne regrette pas de les avoir pris pour toi, car cela a été pour toi comme une seconde vie. Lorsque Hellfest était malade, nous avions si peu de temps à te consacrer... puis, lorsqu'il est parti, tu t'es retrouvé seul... Tu étais si malheureux, nous le voyions bien... Cela nous brisait le coeur, alors nous avons décidé de passer outre le fait que nous ne voulions surtout pas prendre d'autres rats... Et les deux petits sont arrivés dans nos vies. Si nous étions heureux de les avoir, je ne sais pas quel adjectif serait assez fort pour décrire ce que cela a dû être pour toi. Du jour au lendemain, tu étais redevenu le rat plein de joie de vivre que nous avions connu...
Vous me manquez tous tant... Je vous aime tellement, et je vous aimerai toujours, quoi qu'il advienne. Il y a tant de choses que je voudrais encore vous dire... Mais les mots ne me viennent plus... Alors, tendez l'oreille, car où que je sois, je penserai toujours à vous et j'aurai toujours des choses à vous dire. Merci à vous quatre, d'avoir été là pour moi, d'avoir été des rats si merveilleux, des amis si fidèles, de vrais petits amours... Pardonnez-nous tout ce que nous avons mal fait ; pardonnez-nous, Piksel, Decybel, d'avoir été si impatients quand vous étiez petits.
A bientôt mes amours. Vous êtes dans mon coeur, dans mes pensées, pour toujours.
Je vous aime, mes anges.