"Le destin c'est une pure connerie. Au mieux y'a des hasards de merde. Horace est parti sans prévenir personne, Pilgrim est mort dans mes bras quelques semaines plus tard, le lendemain de mon anniversaire. Même moi je mérite pas ça."
Voilà, y'a rien d'autre à dire je pense.
Pilgrim et moi nous n'avons pas eu une grande histoire, une complicité hors du commun, que dalle. Je l'appelais le Petit Effacé. Peur de tout, du bruit, des mains, de la pluie, des ombres. Vers la fin ça lui arrivait de venir sur moi. Prudemment. Il se laissait attrapper. Quand je l'ai rencontré, il hurlait quand on le touchait.
J'ai manqué de temps une fois de plus. On en manque toujours avec nos animaux, avec les personnes qu'on aime et la vie qu'on n'a pas l'impression d'avoir terminé a leurs côtés. Pas commencé même.
Pilgrim...
Certains on suivi cette histoire : l'année dernière, à la même époque, des connaissances en apprenant que j'avais des rats m'ont demandé si je ne pouvais pas récupérer deux loupiots. Pilgrim et son "copain" donc. Ils appartenaient à une de leurs amies, partie en Belgique, qui avait laissé ses animaux à une fille pas trop loin de Paris. Cette gourdasse voulait un chien et avait donc décidé de se séparer de ses rats (les siens et ceux récupérés). Urgence donc, et les négociations qui vont avec, puisque la nana atteinte de flemmite aigue refusait de se déplacer, j'ai donc du partir les chercher en train régional, un soir après les cours, le seul qui l'arrangeait.
Et me voilà avec deux loulous traumatisés.
Un an.
Je ne l'ai pas vu passer.
Pilgrim, tu va me manquer, toi ta délicatesse, tes sursauts, ta toute petite carrure.
Je t'ai enterré juste à côté d'un monument aux morts, perdu au milieu de nulle part mais entretenu tout au long de l'année. Que ton nom soit toujours fleuri, dans l'anonymat mon grand, comme toujours.
Fin 2011 - 21.11.2013.