Le problème, mon amour, c'est que je ne t'ai pas vu partir.
Cette histoire me reste en travers de la gorge, tu sais... ma première adoption en raterie, un coup du sort, tant mieux ou tant pis. J'ai rêvé pendant des mois de "toi", un bébé Banksy. Ce rat, chez Chnouillette, je l'ai adoré sans le connaitre. Je m'y suis attachée à un point que personne n'a pu réellement s'en rendre compte. Alors quand j'ai appris que Chnou avait pour projet de faire de lui un papa, tu imagines... j'ai sauté de joie, j'ai ressorti les listes de noms, j'y pensais tous les jours. Bon, j'étais loin d'être la première sur la liste des pré-réservation mais qu'importe ? Ils sont nés les blackbanksies, en forme, et y'en avait possiblement deux pour moi, tout simplement, y'avait pas de raison que ça se passe autrement !
Mais la vie mon amour, la vie...
La vie a emporté la moitié de tes frères de lait. Un problème avec Black Betty, la maman ? Je n'ai pas eu le courage de me replonger dans les archives, ça reste flou pour moi. On ne lui en veut pas à Betty, pas du tout. Comment le pourrai-je ? Si ce n'était pas arrivé, je ne t'aurai pas connu. Donc on cherche un mère de substitution pour les petits survivants, et on trouve. Ginette, alias Mother Heroic, et quatre bébés pas vraiment à elle en plus des bébés de Banksy et Black Betty à sauver. Il y avait deux mâles. Trust, ton "frère", et toi, toi mon Horace. Toi pour qui j'ai flashé immédiatement, même si. Parce qu'évidemment, seulement deux mâles, recalée sur la liste des pré-résa pour les BlackBanksies, entre le dégoût, la colère, la culpabilité aussi. J'ai proposé de vous prendre chez moi pour combler le vide, parce que je n'aurai pas supporter d'avorter mon adoption prévue depuis si longtemps, parce que je voulais aider, parce que j'avais tellement peur. Trust et toi, mon amour, vous n'avez pas remplacé mon plus grand rêve ratounesque. C'était autre chose. Notre histoire à aggrandi le plaie autant qu'elle l'a guéri.
Je n'ai aucune envie de parler de toi, ton oeuvre, ce que tu as été dans ton ignorance de la torture cérébrale humaine.
Ca restera entre nous, ça, pas vrai ? Bien sûr qu'on était complices, que tu m'attendais tous les soirs, que tu m'as vu rentrer dans des états pas possible, puant la bière et la fumée, mais toujours un mot pour toi, un caresse avant de m'endormir. Bien spur que tu adorais courir dans l'herbe et que je ne manquais pas de t'emmener au parc dès que je le pouvais. Bien sûr quand dans la détresse de mes insomnies chroniques, je descendais me coucher sur le canapé pour m'apaiser à côté de toi.
Symboliquement, je t'ai détesté autant que je t'ai aimé. Ca me fait mal. Deux ans après cette histoire je n'ai toujours pas le moindre recul, la douleur est encore trop vive. Vous m'avez laissé avant que j'ai pu accepter. Avant que j'ai pu pardonner.
Je n'ai pas l'impression d'avoir été une mauvaise amie, une mauvaise soeur, une mauvaise maman pour toi, mais les choses sont ce qu'elles sont, j'avais... j'ai encore tellement de tristesse... ce n'était peut-être pas une bonne idée de me confier vos petites vies fragiles, alors même que je vous en voulait inconsciemment. Pas de maltraitance, jamais, évidemment. Des soins quand il fallait, de l'attention, des câlins, de l'amour. Mais dans un automatisme mécanique. Pas une larme pour ton frère Trust (quoique, je me suis retenue devant ma véto. Pourtant, elle m'a vu détruite plus d'une fois devant le corps de mes premiers rats...) Pas une larme pour toi. Pas spécialement de sentiment. Juste du vide. Un vide énorme qui me donne le vertige.
La vie distribue les cartes, c'est un mélange de plein de jeux différents. Banqueroute. Changement de sens. Joker. Banqueroute encore.
Je ne t'ai pas vu partir.
Orange Rolls, Angel's Spit (dit Horace).
??/12/2011 - 18/10/2013
J'ai écris ton vrai nom au complet une dizaine de fois en tout. Tu peux en être fier, je n'ose le prononcer que du bout des lèvres maintenant.