Merlin était un cochon d'inde. Il m'a quittée le 23 août 2012. Son absence est encore très douloureuse. C'est la première fois aujourd'hui que je réussis à en parler. Je lui ai écrit un petit texte, pour lui rendre hommage. Je vous mettrai une photo plus tard, sur l'iPad je ne peux pas.
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Mon Merlin, mon Mimi d'amour,
Il m'a fallu longtemps pour réussir à te faire un hommage digne de toi. Tu sais, ce n'est pas parce que tu ne me manques pas, au contraire, c'est parce que ton absence est encore terriblement douloureuse. Ton départ a creusé un trou énorme dans mon coeur. Quand tu as rejoint l'arc en ciel, tu es parti avec un bout de moi. En ce dimanche pluvieux, je regarde des photos de toi. Alors j'ai eu envie de t'écrire, en espérant que de là-haut tu lises ces lignes, même si le langage humain t'étais inconnu.
J'ai cherché pendant huit longues années comment convaincre mes parents d'avoir un cochon d'inde. C'était un rêve de gosse. A ma majorité, j'ai décidé de ne plus leur donner le choix: j'allais en avoir un, que ça leur plaise ou non. J'ai beaucoup cherché où adopter. Elevage? Animalerie? Sauvetage? En animalerie, je n'ai pas eu de coup de coeur. Je ne trouvais pas de sauvetage. A force de recherches je suis tombée sur un forum sympathique consacré aux rongeurs, plus particulièrement aux cobayes. Je me suis inscrite et j'ai expliqué mon cas. On m'a de suite redirigée vers Martine, une éleveuse de Marseille. Je suis allée faire un tour sur son site. Bien évidemment je me suis dirigée vers les portées en cours. Coup de chance, il restait deux bébés à adopter. Ta soeur, Sakura et toi. Sakura ne m'a pas tapée dans l'oeil. Elle était jolie, mais elle n'était pas pour moi. Et puis je t'ai vu et mon coeur a vacillé. Mon sang n'a fait qu'un tour: ta bouille de crapule m'appelait. C'était toi qu'il me fallait. Je me suis dépêchée de contacter ton éleveuse, qui m'a dit que tu étais libre. Je t'ai immédiatement réservé pour le 1er juillet. Pendant cette attente, Martine m'envoyait des photos et des vidéos. Tu avais l'air si doux et si sage que je t'attendais avec d'autant plus d'impatience. Je ne parlais plus que ce toi à la maison. Enfin, le grand jour arriva.
Tu étais si petit la première fois que je t'ai vu! Tu tournais en rond dans le copeau de ta cave de transport. Très stressé, tu n'avais pas voulu manger la tomate que Martine t'avait donnée pour le voyage. Tu l'avais réduite en bouillie à force de marcher dedans. Tu t'étais mis dégueulasse. Déjà à l'époque tu étais un crado. Après m'avoir donné quelques conseils, ton éleveuse t'as mis dans la caisse que je t'avais achetée. Tu t'es dépêché de t'enfouir sous la litière pour ne pas qu'on t'embête. Tu as passé tout l'après midi dans la boîte. Quand tu es arrivé à la maison, tu as couru dans un coin de la cage, tu t'es roulé en boule et tu as dormi pendant une journée entière. Le lendemain déjà, tu réclamais des papouilles et tu te blottissais dans mes bras. Je t'ai de suite aimée. Je savais que j'avais fais le bon choix en me tournant vers toi.
Mois après mois, tu as beaucoup, beaucoup grandi. Très gourmand, tu dévorais comme quatre. Tout y passait, sauf les courgettes. Tu détestais les courgettes, sauf pour tes derniers jours, je n'ai jamais compris pourquoi. Tu as vite déclaré une allergie au foin, alors tu es passé au bio. Tu te gavais de tomates et de concombre. Tu passais des heures allongé de tout ton long sur le lit. Tu étais si calme que je t'oubliais parfois. Tu mangeais à table avec nous, couché à côté de mon assiette. Tu me suivais au village, tu "crêpais" dans mes bras et tu t'endormais bercé par mes pas. Tous les gens te faisaient des câlins et tu adorais ça. Tu venais même au bar: étalé sur mon keffieh, tu dormais à poings fermés. Tu venais parfois même au marché avec moi et tu te remplissais les narines de bonnes odeurs. Tu faisais rire, avec ta tête de clown, tes poils très long et tu étais si grand que tout le monde te prenait pour un lapin. Les années passant, tu es devenu terriblement affectueux. Tu roucoulais de plaisir quand je te parlais. Tu roulais des mécaniques quand tu me voyais. A cette attitude, j'ai compris que tu me prenais pour un congénère et que ça te manquait. Je m'excuse mon amour, j'ai fais cette erreur que de t'imposer la solitude. J'espère que tu as été heureux quand même malgré cette absence. Tu passais de longues heures avec moi pour compenser ça. Tu étais mon prince charmant, mon amoureux. Je t'aimais comme une folle, je n'avais que des compliments à te faire. Je n'imaginais pas que la vie allait te reprendre à moi si brusquement, de façon si cruelle et après seulement quatre ans de vie commune alors que tu aurais pu vivre le double.
Tu es tombé très malade un soir. Tu as refusé ta gamelle, alors que tu avais du concombre et de la tomate. Je me suis inquiétée immédiatement. Un cochon d'inde qui ne mange pas va forcément mal. Le lendemain matin, tu n'avais pas touché à tes légumes. J'ai téléphoné à maman et l'après midi même, tu avais rendez vous chez le vétérinaire. Tu as décliné complètement durant la matinée. Je t'ai gardé avec moi, sur mon lit, je te parlais, te câlinais mais tu ne réagissais plus. Tu étais terriblement fatigué. Quand je te soulevais, tu étais si mou que j'avais l'impression de tenir une peluche inerte. Je savais que tu allais mourir mais je ne voulais pas y croire. Pas toi. La vie ne pouvait pas t'arracher à moi d'un coup sec, c'était trop injuste... Et pourtant. La vétérinaire t'as fait une piqûre et t'as donné de quoi te gaver, parce qu'il te fallait pas que ton estomac s'arrête de fonctionner. Je te faisais manger à la seringue, boire de l'infusion de foin. Tu te laissais docilement faire mais tu recrachais presque tout. Le lendemain matin, tu allais encore plus mal alors tu es retourné chez le vétérinaire. Dans la voiture, j'ai pris une photo de toi. Tu étais complètement épuisé, tu te laissais aller dans mes bras. Dans mon mp3 s'est déclenché la chanson de Grand Corps Malade, "nos absents". J'ai pleuré. Je savais que tu me quittais. On t'a refait une piqûre, sans grand espoir. Tu étais si faible et tu avais 41°C de fièvre. Toute l'après midi, tu as dormi. Le soir, tu avais cessé de te battre. Quand je suis allée me coucher, maman m'a dit qu'il fallait que je te fasse mes adieux. Tu ne respirais presque plus. Je t'ai pris dans mes bras et j'ai pleuré, pleuré, pleuré. Puis je t'ai rallongé dans la cage et terrassée par la tristesse, je me suis endormie. Je me suis réveillée à 6h et je me suis dirigée avec terreur vers toi. Tu étais paisiblement allongé dans le copeau, les yeux fermés. J'ai ouvert la cage et j'ai posé ma main sur toi. Ton si joli petit corps était sans vie. Tu étais parti, me faisant le dernier cadeau d'éviter l'euthanasie. Je t'ai serré contre moi, je me suis assise et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J'ai coupé une mèche de tes poils que je conserve précieusement depuis derrière une photo de toi. Je suis allée prévenir mes parents. Eux aussi ont pleuré. Tous t'aimaient. Papa t'a creusé une petite tombe et tu m'as définitivement quitté.
A l'heure actuelle, tu reposes sous un tas de pierre décoré de pensées, dont maman prends soin. On plaisante à dire que tu es un bon engrais parce que les plantes sont magnifiques. Moi je sais que c'est ta manière de me dire que tu veilles sur moi.
Tu me manques affreusement mon petit bébé chon. Je n'oublierai jamais tout l'amour que tu m'as apporté. C'est toi qui m'a donné la passion des NACS. J'ai appris énormément à´tes côtés. Aujourd'hui, Pirate et Barton ont prit le relais. Pirate me fait beaucoup penser à toi. S'il n'était pas né avant ta mort j'aurais cru à une réincarnation. Tous les deux m'aident à vivre avec ton absence. Mais le manque de toi est toujours présent et ne s'estompe pas. Je parle toujours de toi, je regarde souvent tes photos. Tu étais la perfection même mon coeur et j'espère t'avoir apporté autant que ce que tu m'as donné.
A bientôt mon doux petit ange.
Ta maman qui t'aime.