Ma Gaïa,
Voici quelques heures que tu es partie rejoindre ta soeur sur le nuage de Gruyère. Ton absence laisse un grand vide dans mon coeur, et celui de ton papa. Je ne penserais pas qu'il pleurerait ton départ, lui l'Homme si fort que je connais. Tu vois, tu as su chamboulé nos coeurs par ta si petite taille, et tu as emporté avec toi un bout de celui ci.
Notre histoire est banale à souhait: une annonce, un craquage. Je vous voulais tellement, vous mes Ragoutis, qui avait déjà un passé inconnu. Ton propriétaire devait te replacer, & il t'avait déjà récupéré d'un sauvetage . Vous aviez un an. Deux agouti, standard lisse, à cet âge, peu de personne s'y intéresserait. Papa Humain, lui, était pas vraiment pour. "Des rats ?! Mon Dieu ça risque d'empester, & puis ça fait du bruit la nuit. Non non. Ce n'est pas possible". Et au fil des discussions, il a craqué lui aussi à condition de prendre que vous deux. Et puis tu le sais ma Gaïa, je suis tétue, j'avais vu qu'il y avait le sauvetage des Gobelins en cours & participer en adoptant une de leur puce. Je lui ai laissé choisir son prénom. Je suis venue vous chercher bien plutôt que prévu. On a eu du mal à t'attraper, toi & ta soeur pour te mettre dans la cage de transport. Tu n'aimais pas qu'on te porte, ni qu'on t'attrape tout court. Tu hurlais, comme si ta vie en dépendait. Et après 2h de route, tu es arrivée dans ta nouvelle maison avec ta nouvelle copine & ta soeur. Tout se passait bien, même si Lilith te poursuivait tout le temps.
Puis, Galilée est partie 15 jours après votre arrivée, d'une détresse respiratoire. Je m'en suis voulue, tu le sais, d'avoir hésiter à l'emmener au vétérinaire. Maintenant, je sais qu'elle n'aurait rien pu faire de plus. Elle m'a expliqué que c'était toujours délicat. Je me suis rattrapé en vous donnant encore plus d'amour.
Tu étais si frêle, ma Gaïa, 2oog d'amour, mais 2oog de trop peu, je voulais que tu grossisses un peu, alors je te gâtais un peu plus que les autres. Cerès & Galaxie sont arrivées & tu les as accueillie à pattes ouvertes. Tu les laissais te retourner sans rien dire. Tu étais la maman de la troupe, tu les lavais, les défendais contre Lilith, surtout Cerès qui se faisait martyriser par Elle. Tu avais bon coeur ma Gaïa.
De notre coté, on essayait d'apprendre à tisser un lien, tu me mordais un peu lorsque j'arrivais trop vite près de toi, et au fil des jours, des friandises, surement par mimétisme, tu es venue de toi même sur moi pour la première fois. J'étais si heureuse, comme une maman voyant son enfant faire les premiers pas. S'en est suivi, des premiers cracreutages, des premières vraies caresses & de vrais calins. C'était il y a 6 mois.
Je parlais quelques jours avant, des tumeurs à Papa, que tu allais avoir 2 ans, et qu'il fallait s'attendre à ce que tu ai des problèmes de santé surtout qu'on ne connaissait absolument rien de toi, ni de ta famille. Deux jours plus tard, j'ai aperçu cette petite boule. Je savais ce que c'était avant même d'aller chez le vétérinaire. On ne pouvait pas t'opérer, tu étais trop frêle et tu commençais à perdre de ta vigueur. Je savais que tu pouvais y rester. J'avais tellement peur, et égoïstement j'ai préféré attendre un peu.
Les mois ont passés, et cette tumeur grossissait très peu. Tu commençais juste à fatiguer un peu plus chaque jour. Tu sortais très peu, tu préférais le confort de ton Hamac. Je voyais bien que ta santé déclinait, je devais me préparer psychologiquement à ton départ. Notre lien se renforçait toujours un peu plus, le premier globulage sous mes caresses & les léchouilles, les bisous sur la bouche. Tu ne mordais plus depuis bien longtemps. Tu pouvais rester des heures sur moi à dormir en prenant des poses ridicules parfois
Je savais qu'il était probable que ce soir, je revienne sans toi à l'appartement. Tu avais faibli d'un seul coup, limite amorphe, tu avais bien trop maigri. Je trouvais que tu avais du mal à respirer et tes lèvres étaient violettes, bien que Papa m'assurait qu'elles étaient roses. Tu mangeais peu, et je devais te faire ta toilette. Alors quand Lilith s'est blessé par ses nombreuses escalades, je t'ai emmené avec sans hésiter. Tu souffrais tellement. On a beau se préparer à cette possibilité, lorsque cette phrase sort de la bouche de votre vétérinaire, elle raisonne en vous. Elle nous as laissé te dire au revoir, elle t'a fais la dernière preuve d'amour que j'ai pu t'offrir en te câlinant pour moi. Je suis désolée, mais je ne pouvais pas voir cette douloureuse piqûre t'enlever la vie. J'espère ma Gaïa que tu ne m'en a pas voulu.
Maintenant, il faut laisser le temps faire son oeuvre, il en faudra surement beaucoup pour ne plus avoir le réflexe de t'appeler, de ne plus couper le surimi en 8, de ne plus te chercher partout dans la cage pour être sûre que tu ne sois pas en vadrouille; Je ne te verrais plus râler quand j'allumerais la lumière pendant que tu dormais. Tu ne me pousseras plus le doigt avec tes pattes puis avec ta bouche pour me dire " Non mais laisse moi tranquille Maman " . Je te verrais plus courir vers la cage quand tu sautais du canapé parce que c'est long quand même la promenade là. Je te verrais plus réclamer des bouts de sopalin, que tu pliais en quatre, pour faire de jolis oreillers, ni les retrouver par terre à travers les barreaux quand ils seront trop sales. Je ne te verrais plus tout court. & je crois que c'est ce qu'il y a de plus dur.
Ma petite Gaïa, ma si petite puce, ma Ragouti, j'espère que de là haut, tu veilleras sur tes copines à qui tu manques déjà beaucoup, que je t'ai donné assez d'amour pour ta si courte vie.
Merci, pour tout ce que tu m'as apporté. Jamais je ne t'oublierais.
Je t'aime mon petit cul, ma fierté ratounesque.