Je ne pensais pas pleurer. C'est vrai mon chaton, je ne pensais pas. On ne pouvait pas te guérir, on le savait. On s'était préparés à te voir partir. Un peu plus d'un mois tu auras tenu, malgré ce cancer qui rongeait tes poumons et qui t'empêchais chaque jour un peu plus de respirer. Te voir comme ça nous brisait le cœur, nous avions mal pour toi mon chaton, mais on ne pouvions rien faire. Rien ne pouvait te soigner, on le savait.
Je ne pensais pas pleurer, je m'étais préparée.
Mon tout petit tu es arrivé chez nous par un joli coup du destin. On ne devait pas ré-adopter, tu étais déjà destiné à quelqu'un d'autre. Et puis les circonstances ont fait que tu as finalement atterri chez nous. Tes frères rivalisaient de beauté avec toi mais tu avais ce petit truc en plus, ces oreilles décollées, ce petit air benêt...tu en a fait craquer plus d'un.
Vous avez tout trois vite pris vos marques à la maison, mais d'aussi loin que je me souvienne, tu avais toujours une longueur d'avance. Il fallait que tu te montres, que l'on te voit. Souvent le premier aux barreaux, souvent le plus actif en sortie
. Tu venais près de nous, réclamer une caresse, puis tu repartais vadrouiller sur le canapé avant d'aller t'affaler avec tes frères. Vous étiez tellement soudés tous les trois, ça faisait plaisir à voir...
Ça faisait longtemps que tu faisais des petits bruits en respirant. Je t'ai emmené plusieurs fois chez le vétérinaire pour la même raison, mais ça ne semblait pas être quoi que ce soit d'infectieux. Le vétérinaire pensait que c'était dû à une petite déformation nasale, à chaque visite, bien que les bruits se fassent plus insistants, il te réexaminait du museau à la queue mais en venait toujours à cette conclusion. Comme tu étais le plus vif et le plus alerte je ne me suis pas inquiétée. Enfin pas trop...
Et puis tu es parti à Toulouse avec tes frères chez Vazaha pour un beau projet qui nous a laissé une descendance de vous. Et ta naisseuse s'est aussi inquiétée des bruits que tu faisais en respirant. Elle t'a emmené chez un autre vétérinaire là-bas qui a entendu tes poumons siffler un peu cette fois. On t'a donné un traitement, elle te l'a fait suivre et a essayé de te soulager un peu avec des inhalations. Elle a pris bien soin de toi mon tit cœur.
Quand tu es rentré je t'ai trouvé amaigri. Le traitement touchait à sa fin mais on ne notait pas d'améliorations. Je t'ai donc emmené à la clinique habituelle, et le diagnostique du vétérinaire a été le même. Petit bruit au poumon, sans doute un infection, il fallait poursuivre le traitement. Mais tu perdais de plus en plus de poids et le traitement ne semblait pas faire effet du tout...à la troisième visite ils t'ont fait des radios. Et là nous avons su...
Tes poumons étaient rongés par un cancer, celui-ci s'était même étendu pour former des masses autour de ton petit cœur. Pas étonnant que le souffle te manquait...mais tu étais si jeune, et encore si alerte, nous ne voulions pas croire que nous allions déjà te perdre...
Tu t'es battu mon chat. Nous t'avons aidé du mieux que nous pouvions mais inéluctablement tu perdais tes forces. Tu étais de plus en plus maigre, avais de plus en plus de mal à respirer, mais malgré ça tu étais toujours le premier à vouloir sortir. Tu tenais encore bien sur tes pattes et hier encore tu escaladais les barreaux te ta cage. Tu n'étais pas très gourmand et tes frères l'étaient beaucoup trop, nous avons eu du mal à faire en sorte que tu manges un petit peu quand même, ils te volaient tout ! Mais tu mangeais et buvais seul, et tous les soirs tu prenais ton médicament consciencieusement et tu avalais les petits suppléments qu'on te donnait. Il y a deux jours j'ai découvert que tu raffolais des cookies aux cranberries et au chocolat blanc ! Je t'en avais tendu un bout en désespoir de cause et tu t'es jeté dessus "comme la pauvreté sur le monde" comme dirait mon papy. Le morceau était gros, je me suis fait disputé par ton papa qui avait peur qu'après tu n'ai plus faim pour le médicament donc j'ai essayé de te le reprendre, mais tu n'as pas voulu me le laisser ! Tu t'y es accroché et tu l'as mangé jusqu'à la dernière miette
.
Et puis ce matin tu n'as pas voulu manger. Tu avais soif et tu n'avais pas eu a force de te déplacer jusqu'au biberon. Nous t'avons donné à boire et t'avons laissé te reposer. Tu avais des moments de faiblesse des fois, je pensais que peut-être ça irait mieux un peu plus tard. Nous sommes partis manger chez mes parents, j'ai fini de préparer mes cours pour lundi, et je suis revenu chez nous pour préparer mon sac et voir comment tu allais. Tu étais sorti de la spountik où nous t'avions laissé. Tu m'a regardé entrer et tu t'es dirigé vers la porte. Est-e que tu m'attendais mon chaton ?
Je t'ai pris dans mes bras, je t'ai fait des caresses et des bisous. Puis je t'ai reposé un instant, je devais partir bientôt, il fallait que mes affaires soient prêtes. Tu as attendu que je sois disponible, pas longtemps mon loulou, j'ai fait vite tu sais. Dès que tu as senti que je m'approchais de nouveau de la cage tu as fait les quelques pas qui te séparaient de moi. Et puis tu t'es laissé partir. J'ai compris mon chaton tu sais, j'ai compris que tu vivais tes derniers instants. J'ai appelé ton papa qui est venu aussitôt. Il voulait t'emmener chez le vétérinaire pour t'assurer une fin tranquille mais je n'étais pas d'accord. Tu respirais de plus en plus faiblement depuis plusieurs minutes déjà, je savais que ce ne serait pas long. Tu n'avais pas l'air de souffrir, tu es parti en douceur, sur nos genoux, couvert de caresses et de bisous.
Je ne pensais pas pleurer. Je m'étais préparée. Mais te voir comme ça prendre des lampées d'air chaque fois plus petite, sentir ton cœur ralentir comme ça sous mes doigts, putain c'était dur. A chacun de tes sursauts je ne savais plus si je voulais voir tes flancs se soulever une fois encore ou non. J'ai pleuré avant que tu t'envoles complètement mon loulou, j'ai demandé à ton cœur de te laissait partir, tu avais fait ton choix ; mais lui il battait toujours, comme s'il n'avait pas compris. Ça m'a semblé tellement long , et pourtant ça a été tellement vite...
C'est injuste mon chaton.
Je ne pensais pas pleurer, je m'étais préparée. Mais on n'est jamais prêt j'imagine...
Repose en paix mon bébé, tu l'as bien mérité. Pardonne nous mais nous allons garder tes frères encore un peu, tu es parti bien trop vite...