Pare ce que j'étais trop mal pour aller sur le forum, désolée...
J'ai fait un texte pour Spooky, je vous l'envois, pare ce que je pense que vous êtes les seuls à pouvoir comprendre, à pas trouver ça ridicule.
Ce soir encore, c’est à la hache que je découpe mes rêves. Ce soir encore je ne t’entends plus gratter derrière ma porte. Ce soir encore je pleure. Il fait si froid dehors, il fait si froid sous terre. Reviens à la maison. Ici il ne fait pas noir, ici il y a ma chaleur, j’ai encore besoin de toi.
Poussière l’on redevient, je préfère finir dans les flammes, brûler cette sale créature qui te condamne à la nuit éternelle. Le chant des morts de Varsovie.
Je hurle de rage, de misère. Comment peut-on être si cruelle ? Ton triste corps a laissé échapper l’âme d’un ange. Je tomberai pour toi, je chante en ton nom, les louanges, les requiem des siècles passés. J’ai vu des morts, j’ai vu des drames, du sang et des crises d’hystérie. Mais il y a bien pire. Il y a toi dans mes rêves. Il y avait toi, dans ma vie. Quand il n’y avait plus personne, plus rien de positif, il y avait un ange aux yeux de braise.
Une photo, une cicatrice, tu existe à travers si peu de choses. Tu es si près, mais où voles tu aujourd’hui ? Viens- tu me frôler de ta parure blanche ? Parfois j’aperçois une ombre se faufiler entre un rayon de soleil. Je délire. Ne m’oublis pas. Où que tu sois, j’avais encore besoin…
Plus rien n’a de saveur, mon ami, depuis que je t’ai tué. Plus humain que tous les hommes de la Terre, si tu savais… Pare ce qu’il n’y avait plus que toi lorsqu’il nous a abandonné, pare ce que tu savais tout dans les moindres détails, pare ce que la souffrance ne s’estompe pas. Je voudrais remonter les heures, écouter cette voix, te croire, te comprendre, ces derniers jours de ta vie où l’on savait tous les deux, au fond, que la route s’arrêtait ici.
J’ai tout fait, je suis restée plantée, devant ton terminus, pendant vingt bonnes minutes, le cœur affolé, à l’unisson avec le tiens, pare ce que je le savais, et que je n’ai rien fait.
Pare ce que j’aurais du défoncer cette porte, te retenir, les empêcher, te retrouver.
Non, tu n’es pas mieux là où tu es, tu n’étais pas mieux dans cette pièce froide, plutôt qu’au creux de mes mains. J’aurais du me retourner. Une dernière fois.
Pare ce que ce texte est le plus précieux que j’ai rédigé, je veux rendre hommage, mais je ne peux pas. Il est trop tôt, tu n’es pas tout à fait partit. On se raccroche à ce qu’on peut, quelques superstitions, une coccinelle, un deuil impossible. On se dit que demain ça ira mieux, mais ça ne va jamais mieux. Je t’ai laissé entre les griffes de Dieu. Moi qui avais confiance. C’est un peu comme vendre son âme au Diable. La mort est partout. Je n’ose pas regarder par la fenêtre, je n’ose pas te rendre visite. Tu ne dois pas me voir comme ça. Tu n’as jamais aimé mes larmes. D’un baiser d’animal tu les faisais disparaître. Aujourd’hui plus rien ne les sèche. C’est en un flot continu que mon cœur se répand sur le sol. Et les tambours résonnent, dans ces nuits blanches qui n’en finissent plus.
Personne ne comprendra jamais, cet amour si pur qui nous liait, cet amour qui n’existe pas chez les hommes. On ne le vit qu’une fois. Puis tout disparait, six mois, seulement, et tu déposes les armes.
Tu te dis qu’il vaut mieux prendre la place des disparus, quand il n’y a plus rien à prendre sur Terre. Il y a bien les souvenirs, ceux qui vous hantent comme des démons, qui rappellent les rires, la tendresse, tes mains serrées dans ton sommeil, nos yeux fermés, contre le monde, envers et pour toujours. A chacun sa peine. Il n’y a pas de règles dans la mort, aucune limite, pas de bonnes ou mauvaises réactions. Désemparée, je culpabilise de préférer l’animal à l’Homme, depuis toujours. Il pleut sur ta tombe. Bientôt du sang sur la neige. J’aurais aimé faire ça en grand, des tonnes de fleurs, une belle pierre, Mozart. Mais on ne fait rien pour les créatures comme toi. A mes yeux, il n’y avait rien de mieux que toi. C’est peut être ça le principal, au final. Car tout a une fin.
Les hommes sont mauvais. Ils t’ont tué, toi et ton innocence bestiale. Ils se noient dans le sexe, dans la drogue, dans l’alcool, pendant que toi et moi, on se poursuivait dans tout l’espace, comme deux enfants. Deux complices, deux amis, les meilleurs. Les bons moments, ton arrivée, tous mes projets pour toi…
En ce Shabbat des plus singuliers, j’ai renversé le Paradis, j’ai assassiné un ange.