L'agressivité hormonale

L'agressivité hormonale (fréquemment notée "AH") est souvent confondue avec la crise d'adolescence chez le rat. Or, elle n'a quasiment rien à voir avec une crise d'adolescence pénible, le rat agressif hormonal ne cherchant pas à "tester" l'humain ou ses congénères, contrairement au rat en crise d'adolescence.


Comment différencier un rat agressif hormonal d'un rat en crise d'adolescence ?

Tout d'abord, les symptômes bien que similaires sur certains points sont nettement plus nombreux chez le rat agressif hormonal et incluent quasi systématiquement des attaques à sang lorsque celui-ci est mis en présence d'autres rats.
Le rat en crise d'adolescence testera ses congénères et propriétaires en les pinçant plus ou moins fort afin de déterminer quelles sont leurs imites mais n'insistera pas une fois correctement remis en place. Il pourra se débattre et couiner lorsqu'on le domine, mais partira généralement "bouder" dans un coin une fois puni. En revanche, le rat agressif hormonal est totalement incontrôlable et ne supporte aucune domination, ce qui a pour effet de l'énerver plutôt que de le calmer.

Le rat adolescent pourra harceler ses congénères et les retourner ou les monter pour assoir sa dominance, sans toutefois les attaquer aux points vitaux. De plus, le rat en crise d'adolescence ne s'énerve généralement pas en présence de la simple odeur d'un congénère, contrairement au rat agressif hormonal qui peut se hérisser et chercher à attaquer tout ce qui se trouve à sa portée sur simple stimuli olfactifs.

La crise d'adolescence d'un rat est de durée variable mais ne dépasse que rarement les deux mois, au terme desquels le comportement agressif du rat se calme. Dans le cas d'un rat agressif hormonal, il n'y a pas d'amélioration au fil du temps mais plutôt une dégradation comportementale.


Il arrive également que certains rats soient "agressifs hormonaux légers" et n'attaquent pas réellement à sang mais soient en proie à un stress permanent et très prononcé : ces rats se montrent alors extrêmement nerveux, sursautent au moindre bruit, sont très tendus et peuvent hurler pour un rien. Ils peuvent également se mutiler et s'isoler du reste du groupe, ou "surdominer", notamment avec des phases de "crise hormonale" durant lesquelles ils peuvent se montrer tyranniques.
Ils refuseront systématiquement la domination ou tenteront de mordre s'ils se retrouvent "dominés de force", ils ont également la dent très facile si on les surprend en les touchant.
Il n'est pas rare de trouver de petites croûtes sur les autres rats du groupe, liées à de petites morsures sans réelle gravité.

Ces rats sont souvent qualifiés de "dominants mal dans leur peau" / "n'arrivant pas à trouver leur place au sein de la hiérarchie". Or, lorsque ce comportement persiste sur une longue durée, il est très probable que le problème soit de nature hormonale.
Cet état peut dégénérer en agressivité hormonale plus forte, ou bien rester "stable", le rat étant alors très mal dans sa peau et nécessitant tout autant une castration qu'un rat à l'agressivité hormonale déclarée.



Les symptômes courants d'agressivité hormonale chez le rat mâle sont :

• marquage urinaire très fréquent, les urines du rat agressif hormonal sont souvent plus odorantes que les urines normales d'un rat,
  
  
• le rat peut se montrer hyperactif, ou à l'inverse être prostré et s'énerver par phases,
  
  
• le rat présente un excès de sébum (sa peau est orange, son poil est gras),
  
  
• le rat frotte ses flancs et testicules sur son lieu de sortie et dans sa cage,
  
  
• le rat gratte nerveusement le sol de ses pattes avant en présence d'un congénère ou de l'odeur d'un congénère,
  
  
• démarche "en crabe" parfois accompagnée de hoquets, tête rentrée dans les épaules et yeux légèrement plissés,
  
  
• le rat se hérisse très fréquemment, notamment en présence d'un autre rat, ou de l'odeur d'un autre rat,
  
  
• le rat agite vivement sa queue (frétillement comparable au mouvement d'un serpent) en présence d'un autre rat,
  
  
• en présence d'un congénère, le rat révèle une agressivité incontrôlable et ne peut s'empêcher d'attaquer et de mordre à sang. Ces morsures sont généralement localisées au niveau de la gorge et des testicules (parfois aussi au niveau des flancs et de la croupe),
  
  
• le rat est très tendu, stressé et peut sursauter au moindre bruit. Il ne s'agit pas de sursauts de peur où le rat fuit pour se cacher, mais de sursauts très brusques qui peuvent parfois être suivis d'un gonflement et d'une phase d'agressivité.
  
  
• le rat refuse la domination, se met à hurler et se débattre très vivement lorsqu'on le retourne et peut chercher à mordre. Il a tendance à se cambrer en criant si on touche ses omoplates en le retournant. Retourner un rat agressif hormonal a en général l'effet inverse à celui désiré : son énervement s'accroit au lieu de baisser.
  
  
• le rat montre les dents en criant en présence d'un congénère, il peut resté figé des heures en position "défensive-agressive" (le corps très tendu, souvent debout sur ses pattes arrières, les yeux grands ouverts et les dents en avant).
  Ce symptôme est souvent présent lors des prémices d'une agressivité hormonale, ou dans le cadre d'une agressivité hormonale "légère".
  
  
• le rat s'automutile en raison du stress provoqué par la montée d'hormones : il peut s'épiler (trichophagie) notamment au niveau des pattes avant et de la base de la queue, se gratter à sang ou encore se mordre les pattes jusqu'à s'en entailler la peau, dans certains cas extrêmes,
  
  
• le rat s'excite, souffle et semble presque cracher/feuler lorsqu'un intrus (un autre rat ou un humain) s'approche de sa cage, il peut sauter nerveusement sur les barreaux en soufflant et montrant les dents.

Le rat peut présenter seulement une petite partie des symptômes de cette liste, tout en étant agressif hormonal. En revanche, s'il n'attaque pas ses congénères à sang ou du moins ne présente pas le comportement typique d'un "agressif hormonal léger", il est très probable qu'il s'agisse d'une autre forme d'agressivité contre laquelle la castration peut s'avérer tout à fait inefficace (traumatisme, territorialité, troubles psychologiques...).
L'agressivité hormonale se manifeste souvent par crises espacées à son commencement, la fréquence desdites crises s'accentuant au fil du temps, pour aboutir à une agressivité quasi permanente.



Par rapport aux idées reçues :

• L'agressivité hormonale peut survenir avant les 6 mois du rat, et après ceux-ci. J'ai eu deux cas d'AH très précoces : apparition des symptômes à deux mois pour Fenrir et à trois mois pour Gaheris, ainsi que des cas tardifs, survenus après 16 mois. L'âge moyen d'apparition de l'agressivité hormonale se situe toutefois généralement aux alentours de 6 mois environ, durant la période de l'adolescence.
  
  
• Le rat agressif hormonal ne mord pas forcément l'être humain si celui-ci n'est pas porteur de l'odeur d'un autre rat. Il se peut donc qu'un rat très agressif envers ses congénères mais pas envers l'humain soit bel et bien agressif hormonal et nécessite une castration.
  
  
• Il n'est pas nécessaire d'attendre la fin de l'adolescence d'un rat pour le faire castrer s'il présente de véritables symptômes d'agressivité hormonale. Un rat agressif hormonal souffre réellement de sa condition, la castration permet de le soulager et de lui offrir une vie en groupe nettement plus appréciable qu'une vie solitaire. Faire vivre son rat seul parce qu'il est agressif envers ses congénères par peur de le faire opérer n'est pas une solution qui permettra au rat de s'épanouir. De plus, la castration même précoce n'a pas de réelle incidence sur le développement du rat et le fait de trop attendre peut entraîner une agressivité comportementale acquise qui est nettement plus difficile à gérer que l'agressivité induite par les troubles hormonaux (avis vétérinaires à l'appui).
  
  
• Il est tout à fait possible de faire castrer un rat agressif hormonal adulte voire âgé (attention cependant, un rat trop âgé ou en mauvaise condition physique peut avoir des difficultés à supporter une anesthésie et ne pas se réveiller suite à l'opération), le résultat sera présent vu que cette agressivité est induite par un taux d'hormones anormalement élevé qui chute systématiquement après castration. Cependant, comme précité, il est possible qu'un rat castré ayant été AH pendant plusieurs mois ait une "agressivité acquise" qui nécessitera une éducation stricte pour lui réapprendre les codes sociaux et lui permettre de réintégrer un groupe de rats.
  
  
• L'agressivité hormonale n'est pas un problème aussi rare qu'on peut le penser, beaucoup de rats sont classés dans la catégorie des asociaux ou "dominants particulièrement pénibles" par méconnaissance alors qu'ils souffrent de troubles hormonaux, notamment parce que l'idée persiste qu'un rat agressif hormonal attaque forcément le rat ET l'homme, ce qui n'est pas une généralité (beaucoup de mes AH -plus d'une trentaine- n'ont jamais essayé d'attaquer l'homme mais souffraient néanmoins d'agressivité hormonale et ne pouvaient pas vivre avec leurs congénères. Ils ont par ailleurs tous pu être intégrés à des groupes après castration, y compris ceux qui possédaient une part d'agressivité acquise).
  
  
• Il est possible que même les femelles soient agressives hormonales, même si cela reste beaucoup plus rare que chez les mâles. Dans ce cas, une ovario-hystérectomie peut aider, tout comme la castration aide pour les mâles.

Voici une vidéo de mon Fenrir, agressif hormonal précoce, qui montre bien la façon typique qu'ont les rats agressifs hormonaux de se frotter les flancs et testicules sur leur passage. La qualité de la vidéo est malheureusement mauvaise (webcam) mais ce comportement est néanmoins bien visible. Je précise au passage que Fenrir était en sortie dans un lieu neutre.





Castration d'un rat agressif hormonal : à savoir

Il est important que le rat nécessitant une castration soit en bonne condition physique afin de pouvoir supporter l'opération.

Privilégiez une cage type Duna (plexiglass) pour sa convalescence, afin d'éviter un refroidissement lié aux courants d'air.
N'utilisez pas de litière pouvant s'incruster entre les points et pouvant provoquer une surinfection, du sopalin ou des alèses/serviettes éponges/drybed sont préférables.
Surveillez une éventuelle formation d'abcès et n'hésitez pas à retourner chez votre vétérinaire en cas de doute (il est possible qu'un hématome puisse former une boule dure juste après l'opération, cette boule se résorbe au bout de quelques jours).

Un rat agressif hormonal castré ne peut être réintroduit dans un groupe de rats qu'au bout de 3 semaines environ après sa castration, ce délai peut aller jusqu'à un mois et demi. En effet, son taux d'hormones reste élevé un certain temps après la castration et chute progressivement. Procédez à la réintégration comme pour une intégration classique : sorties communes en terrain neutre dans un premier temps, puis cage commune si tout se passe bien.

Attention de même à ne pas introduire un rat nouvellement castré dans un groupe de femelles : les spermatozoïdes peuvent survivre dans les canaux plusieurs semaines après l'opération, il est conseillé d'attendre au grand minimum trois à quatre semaines (un mois est nettement plus prudent) avant d'intégrer un mâle castré à un groupe de femelles.



Différentes méthodes de castration :

Il existe différents types d'opération, pratiquées selon les préférences de chaque vétérinaire. Voici les plus courantes :

• La plus répandue consiste à ouvrir directement la peau des testicules pour les retirer et à poser des points ou agrafes à même les bords de la plaie pour la refermer. Cette opération est généralement plus rapide et plus aisée mais peut présenter de plus grands risques d'infection post-opératoire, il est aussi important de vérifier que le rat ne grignote pas les points.
  
  
• Une autre technique consiste à ouvrir au niveau du bas ventre, juste au dessous du sexe et à retirer les testicules par là. Le vétérinaire fait ensuite des points internes et met une colle a l'extérieur pour tenir la plaie fermée, ou met des points ou agrafes à l'extérieur. Cette opération limite grandement les risques d'infection post-opératoire et la peau des testicules se rétracte naturellement.
  
  
• La castration chimique est aussi employée mais peut s'avérer inefficace dans certains cas. Il s'agit d'un implant hormonal qui permet de rendre le rat "stérile", la cohabitation avec les femelles étant donc rendue possible (les quelques échos que j'ai eu étaient mitigés : si le rat ne peut plus se reproduire, son agressivité envers les autres rats peut en revanche parfois persister, bien qu'elle soit généralement atténuée, ou supprimée).

Le coût habituel d'une castration se situe aux alentours de 80€, il peut néanmoins varier selon les cliniques vétérinaires et le type de castration pratiqué.



Comment gérer les soins post-opératoires ?

Votre rat vient d'être castré, il vous faut l'isoler dans une cage sans litière "classique" (privilégiez le papier essuie-tout ou papier toilette non traité, le drybed, les alèses médicales ou les serviettes-éponges).
Veillez à ce que la cage soit placée dans un endroit calme, à l'abri des courants d'air, et que le rat ait un accès facilité à l'eau et à la nourriture. Il se peut qu'il ait un peu de mal à se déplacer dans un premier temps, il est donc nécessaire de mettre les aliments et la boisson à sa disposition.

Il est normal que votre rat ait une démarche inhabituelle durant les premiers jours : un rat nouvellement castré a souvent tendance à écarter les pattes en marchant, tout en maintenant son arrière-train en hauteur pour éviter de toucher le sol.

Il vous faudra vérifier plusieurs points après l'opération :

• Veillez à ce que le rat fasse ses besoins normalement dans les heures suivant l'opération. Il est possible que les produits anesthésiants ralentissent le transit intestinal, si celui-ci ne reprend pas son cours dans la journée suivant l'opération, il vous faudra retourner voir votre vétérinaire,
  
  
• Surveillez l'alimentation et la prise de boisson : un rat qui ne se nourrit pas ou ne boit pas peut s'affaiblir, se déshydrater et tomber en hypothermie.
  
  
• Donnez des aliments riches et appétents à votre rat en plus de son alimentation habituelle : blédine, pâtes cuites, purées de fruits et légumes variés, petits pots pour bébés, etc...
  
  
• Surveillez sa température corporelle, si elle chute anormalement il vous faudra placer votre rat au chaud (près d'une bouillotte par exemple) et l'amener au plus vite chez un vétérinaire si son état ne se stabilise pas,
  
  
• Veillez à ce que votre rat ne grignote pas ses points, auquel cas il faudrait le ramener chez un vétérinaire pour refaire les sutures,
  
  
• Désinfectez les sutures à l'aide de bétadine si besoin, vérifiez que rien ne se colle dessus,
  
  
• Changez fréquemment la litière pour éviter que les sutures s'infectent.

Vous pouvez complémenter votre rats en vitamines (type tonivit ou vitonil) ou lui donner de la propolis, gelée royale et/ou levure de bière afin de stimuler son système immunitaire. Ceci aidera à la cicatrisation et limitera les risques d'infection.



Informations complémentaires :

Un rat très fortement dénutri pourra présenter une agressivité hormonale une fois correctement nourri, le corps "stoppant" la production d'hormones sexuelles lors d'une trop forte dénutrition (tout comme l'aménorrhée peut exister chez la femme anorexique ou la puberté peut être stoppée chez l'homme dénutri, par exemple).
Lors de la réalimentation, le rat peut donc être sujet à un pic de production d'hormones entrainant une agressivité soit passagère, soit durable et nécessitant une castration dans le second cas.

De même, de nombreux chamboulements (changement de lieu de vie, de troupe, décès de compagnons de cage, etc...) peuvent être à l'origine de troubles hormonaux. Il est ainsi très fréquent que des rats de sauvetage ayant changé de famille de nombreuses fois finissent par présenter des symptômes typiques de l'agressivité hormonale. Ceci ne s'atténue généralement pas dans le temps, la castration est nécessaire dans la plupart des cas.


L'homéopathie peut être employée pour tenter de calmer l'agressivité d'un rat, son effet est hélas de courte durée sur un rat agressif hormonal. L'homéopathie est plus indiquée pour faciliter l'intégration de rats dont l'agressivité découle d'une hypernervosité.

Vous pouvez donner contre l'agressivité :

• Gelsemium Sempervirens 9CH : les granules sont à donner à croquer ou diluées dans l'eau de boisson (3 à 4 granules par jour). Attention à ne pas toucher ces granules avec vos doigts, le principe actif étant imprégné en surface des granules,
  
  
• Fleurs de Bach : Holly (agressivité, stress, tension) ou Rescue (stress, tensions, anxiété),
  
  
• Nervosyl (une à deux gouttes par jour),
  
  
• Zylkène,
  
  
• L72...

Ces traitements sont majoritairement efficaces dans le cadre de comportements agressifs liés à la peur et à l'anxiété et restent malheureusement généralement inefficaces sur un rat agressif hormonal, bien qu'ils puissent améliorer son quotidien avant castration ainsi que pendant la phase de guérison post-opératoire.

Ces remèdes et posologies sont donnés à titre indicatif et ne remplacent aucunement une consultation vétérinaire.
Chaque rat étant unique, merci de téléphoner ou prendre rendez-vous avec votre vétérinaire pour connaître le dosage le plus adapté à votre rat.
Le dosage dépend du poids et de l'état de santé/nervosité de votre rat, c'est pourquoi il est important de toujours prendre un avis vétérinaire pour maximiser les chances de réussite du traitement et minimiser l'impact sur l'organisme de votre animal.